« Science d'où prévoyance, prévoyance d'où action ». Cette maxime positiviste fameuse résume parfaitement un certain idéal de l'articulation entre connaissance et action qui tient la pratique pour une application sans reste de la théorie et qui fait le pari que le progrès des savoirs scientifiques ira de pair avec un accroissement de l'efficacité de l'agir auquel ils sont censés servir de fondements. Et c'est bien cet idéal que l'on retrouve au cœur du modèle rationnel de la décision publique, dans lequel un agent optimalement informé par la science serait conduit à opter pour une alternative donnée au terme d'un processus de délibération objectif et raisonné. Depuis plusieurs décennies les apories de cet idéal – qui n'est jamais observé sauf pour des segments extrêmement limités de décision – ont été analysées
Parce qu'un ensemble d'événements et de phénomènes tout à fait contemporains (crises sanitaires, accidents industriels, catastrophes naturelles, transformations géo-climatiques, émergence d'une économie de la connaissance, volonté d'évaluation des programmes d'aide ou d'intervention sociales) ont suscité un questionnement renouvelé autour de cet idéal et ce modèle, ce symposium se focalisera sur des développements scientifiques ou des innovations méthodologiques récentes (en premier lieu le mouvement de l'Evidence-Based Policy et le recours de plus en plus fréquent aux essais contrôlés randomisés [ECR] dans la mise au point et l'évaluation de recommandations pratiques) qui invitent à penser à nouveaux frais le problème d'une action publique informée par la science.