La "pratique collective" comme fondement épistémique d'une nouvelle pratique individuelle – un cas d'espèce : la Toile des mathématiciens.
1 : Sciences, Philosophie, Histoire – UMR 7219, laboratoire SPHERE
Université Paris VII Denis-Diderot
Proposition 1°- Interpréter la piste n° 2 - « influence de valeurs non épistémiques sur le contenu même des sciences » - d'un point de vue épistémique, i.e. : montrer en quoi la notion de “pratique collective” appréhendée par l'agent-scientifique comme une valeur externe à sa pratique lui permet de justifier une pratique interne à sa science, en particulier quand celle-ci n'est pas adossée à une définition formelle dans le langage-objet de sa science. 2°- Montrer que cette interprétation permet d'éclairer le phénomène des NTIC. Point 1° Pour illustrer ce point, nous nous focaliserons sur la réflexion d'Emile Borel sur l'effectivité dans les années 1898-1900, époque où la notion (finalement identifiée à la calculabilité par une Machine de Turing universelle) apparaît comme un jugement non mathématique sur la pratique mathématique. Borel, pour éviter le piège subjectiviste, adosse cette notion sur l'idée de “pratique collective”, en considérant qu'une définition mathématique effective doit être pour les mathématiciens « parfaitement claire ne donnant lieu, lorsqu'ils parlent entre eux, à aucune ambiguïté [...]. » Point 2° Mise en défaut plus tard, l'idée de Borel nous incite néanmoins à aborder le concept de Machine de Turing sous l'angle d'une représentation objectivée de la pratique collective des mathématiciens, sorte de “plus petit commun multiple” de toutes les pratiques mathématiques. Nous nous demanderons si cette interprétation “collectivisante” ne permettrait pas de penser les NTIC comme l'extension technique du réseau (idéalisé par les mathématiciens) de “mathématiciens-pratiquant-leur-discipline”. Nous explorerons les conséquences de cette métaphore.