IVe Congrès de la Société de Philosophie des Sciences (SPS)
1-3 Jun 2012 Montréal (Canada)
Saturday 2
Science and values
Président: Henri Galinon
› 15:30 - 16:00 (30min)
› DS-R520, J.-A.-DeSève, 320 rue Sainte-Catherine Est
Traiter la pluralité en science et en société : quelles homologies ?
Matthieu Quidu  1@  
1 : Laboratoire d'histoire des sciences et de philosophie - Archives Poincaré
UMR 7117 CNRS-Nancy Université

Berthelot (1990) envisage le lien entre « science » et « société » en émettant l'idée de dispositifs cognitifs communs : activité scientifique et pratiques sociales partageraient leurs outils épistémiques. Nous testons empiriquement cette hypothèse à partir d'un observatoire original : les stratégies de traitement de la pluralité respectivement mises en œuvre en et hors science.

Par pluralité, il faut entendre une situation où coexistent deux entités non superposables censées rendre compte d'un même ordre de phénomènes. La pluralité épistémique définit la cohabitation de programmes de recherche a priori incompatibles. De son côté, la pluralité non épistémique regroupe un ensemble large de situations où s'opposent des entités discordantes : seront notamment considérées la pluralité des valeurs dans le couple (Duret, 2010), des principes de justice dans les conflits ordinaires (Nachi, 2006), des dispositions socialement acquises (Lahire, 1998).

Nous démontrons la récurrence de cinq stratégies cognitives (confrontation, territorialisation, intégration, réduction, indifférence) mises en œuvre dans des configurations diverses de pluralité, épistémique ou non. Sur ce thème précis, les espaces académique et sociétal partagent des outils logiques communs.

Comment rendre raison d'homologies si profondes ? Trois hypothèses explicatives sont discutées. Une première, culturaliste, considère que la science puise dans la société ses outils épistémiques. Une seconde, logiciste, considère que les caractéristiques d'un « objet quelconque » n'autorisent pas d'autres modalités d'articulation que les cinq stratégies ci-avant identifiées. Une dernière hypothèse, naturaliste, fait intervenir des structures cognitives universelles qui prédisposeraient l'esprit humain à traiter la pluralité suivant des principes logiques transversaux.


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