Depuis 1970, une controverse sur les concepts de santé et de maladie souvent résumée comme opposant les « naturalistes » aux « normativistes » a animé, et presque principalement constitué, le champ de la philosophie de la médecine. Or ces deux catégories recouvrent des positions très diverses. Au moment où la discussion semble pâtir d'une trop forte polarisation de la controverse et qu'elle se déplace vers une analyse critique du projet même de clarifier et définir ces concepts à partir de la méthode de l'analyse conceptuelle, il apparaît nécessaire de proposer une sorte de bilan et de mise en perspective de ce que peut apporter l'étude philosophique des concepts de santé. En même temps qu'elles se situent dans une telle perspective de méta-analyse et de retour sur un débat de quatre décennies, les présentations de ce symposium proposent de nouvelles pistes pour l'investigation de ces concepts. C'est l'occasion de mettre en évidence la multiplicité des normes en interaction, qu'elles soient épistémiques, biologiques, sociales ou subjectives, dans la caractérisation de ce qui est normal et pathologique.