Selected Talks > By author > Malaterre Christophe

La biologie synthétique met la notion de « synthèse » au cœur de son processus de création de connaissance. Pour certains, cette notion de « synthèse » joue un rôle épistémique tout particulier dans la mesure où elle permettrait des découvertes et des changements de paradigmes que l'analyse, pourtant si répandue ailleurs en biologie, ne permettrait pas (e.g. Benner et al. 2011). Fabriquer ou créer apparaît ainsi comme une forme de connaissance propre (e.g. O'Malley et al. 2007, Fox Keller 2009). Dans cette contribution, mon objectif est d'explorer dans quelle mesure et de quelle manière la synthèse génère de la connaissance en biologie synthétique. Je précise tout d'abord en quel sens entendre « synthèse » et « connaissance » dans le contexte de la biologie synthétique actuelle. Je distingue ensuite deux cas en fonction desquels analyser le processus de production de connaissance : le cas où la synthèse biologique réussit et le cas où elle échoue. Je montre alors que la connaissance produite par l'opération de synthèse, bien que différant selon ces cas, est surtout une connaissance du registre du « savoir-faire » et non du « savoir-pourquoi ». Adoptant un cadre causal interventionniste, je montre qu'il est possible pour la synthèse biologique de produire de la connaissance scientifique en termes de « savoir-pourquoi » pour peu que cette synthèse soit considérée comme une intervention, parmi d'autres, au sein d'un modèle causal ; dans ce cas néanmoins, ce n'est pas la synthèse seule qui est source de connaissance mais le modèle causal auquel elle contribue.