Le concept de plasticité dans la biologie contemporaine : la synthèse de deux traditions conceptuelles ?
1 : Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques
(IHPST)
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Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, CNRS : UMR8590, Ecole Normale Supérieure de Paris - ENS Paris
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France
C'est aux origines de l'embryologie que l'on trouve les premiers emplois, dans les sciences du vivant, de l'adjectif « plastique », que ce soit avec la théorie de l'épigenèse et l'idée d'une “force plastique” (William Harvey) ou avec la notion de champs morphogénétiques (Hans Driesch). Mais le terme ne se retrouve pas qu'en embryologie, une autre tradition se dessine, à partir du début du XXe siècle, dans le champ de la génétique avec les notions de « norme de réaction » puis de « plasticité phénotypique ». Cette conception « génétique » de la plasticité permet de décrire la diversité des phénotypes possibles pour un génotype en fonction des environnements. Plus récemment le concept a refait son apparition, employé par des biologistes cherchant à formuler une nouvelle synthèse de l'évolution (après la Synthèse Moderne) associant développement et évolution (Scott Gilbert, Mary Jane West-Eberhard). Ces auteurs se réfèrent au concept de « plasticité développementale ». Nous identifierons quels sont les liens entre cet usage contemporain de la plasticité et les deux traditions précédemment décrites. Nous montrerons que même s'il est possible de mettre en évidence ces liens, l'usage contemporain du concept de plasticité est autre chose que la synthèse des deux usages traditionnels. Nous verrons que ces biologistes contemporains adoptent ce que nous appelons une conception « large » de la plasticité leur permettant de simuler une synthèse.