Les politiques scientifiques et technologiques font-elles intervenir l'éthique des nanotechnologies au moment opportun ?
1 : Fonds de la Recherche Scientifique (FNRS)/Université Libre de Bruxelles
L'objectif de cette communication est de s'interroger sur la pertinence du moment de l'intervention de l'éthique prévu par certaines politiques scientifiques et technologiques dans l'accompagnement critique des nanotechnologies.Premièrement, nous montrons que les politiques scientifiques et technologiques exprimées dans certains textes fondateurs relatifs aux programmes de recherches et à la gouvernance des nanotechnologies mettent l'accent sur l'importance d'une réflexion éthique accompagnant le développement de ces technologies. Toutefois, ces textes ne promeuvent une réflexion éthique que dans le cas de nanotechnologies futures et « révolutionnaires », utilisées dans le cadre de la médecine méliorative, par exemple.Dans une deuxième partie, nous montrons que des questions éthiques surviennent néanmoins déjà dans le cadre de nanotechnologies plus simples, telles que les additifs utilisés dans l'industrie cosmétique. Ces problèmes éthiques concernent la difficulté de définir les nanotechnologies de manière pertinente et ses conséquences, la question de la désirabilité sociale de ces technologies, leurs incertitudes considérables et la gestion de celles-ci, le risque de « nano-divide » et la prise en compte de nanotechnologies en tant que « dual-use technologies ».Dans la dernière partie, nous concluons que le moment de l'intervention de l'éthique prévu par ces textes fondateurs est donc inadéquat. Enfin, on peut se demander si, en focalisant l'attention sur les nanotechnologies « révolutionnaires », ces politiques scientifiques et technologiques ne contribuent pas à évacuer un questionnement éthique nécessaire et plus urgent, celui relatif aux nanotechnologies qui sont actuellement mises sur le marché.